Samedi 6 février, journée aïaïaïe,
...Donc comme il est déjà 13h quand je quitte Bahia Blanca, je vise Mayor Buratovitch à 90km. Grand soleil.

Gamelle d'inauguration
Ca roule plutôt bien comme je suis au grand largue.
Peut-être est-ce là la cause d'un endormissement passager? Je quitte la route, l'accotement en terre est 10cm plus bas ; puis je remords l'asphalte avec la roue avant qui dérappe... et là, c'est le drame... Bien sûr c'est impossible de se rattraper avec les cales-pieds à courroie. Heureusement pas de voiture derrière. La route est lisse et je glisse dessus protégé par une épaisse couche de crème solaire. Bref juste une légère torsion du poignée mais sans gravité. Côté vélo, le dérailleur s'est fichu dans les rayons, bien tordu...

Crevaison d'inauguration
...Je me remets et décide de faire une pause à la première ombre venue. Elle arrive rapidement et je me presse vers cette promesse de repos... au milieu des rosettas, une plante très basse à laquelle je n'ai pas pris garde et qui est remplie d'épines très coriaces.
"Bon, je mange d'abord et je regarde les pneus ensuite."
Evidemment ça n'a pas raté et il faut changer la chambre arrière. Je m'aperçois donc à l'occasion qu'une pìèce de métal est déformée qui m'empêche de démonter correctement la roue...
Une heure plus tard, je repars bien énervé, et j'arrive finalement à Mayor Buratovitch à 19h, m'arrête à la station GNC et demande pour un magasin de vélo. J'y arrive juste quand le pneu avant finit lui aussi d'être à plat.
Vers 21h je trouve enfin de quoi passer la nuit dans un hospedaje à 40 pesos.
Dimanche 7 février, flemme du dimanche,
Fatigué de la veille, j'ai prévu une étape courte jusqu'à Pedro Luro. Le vent contraire ne m'incite pas à l'effort. A la station Shell, je peux camper. Je vais voir, une étroite bande de terre plutôt dégueu. Je me dirige donc vers le camping du Fortin Mercedes, un ensemble avec basilique, séminaire et camp à barbecue. 20 pesos pour ce qui ressemble plus à un parking qu'un camping, mais je n'ai plus le courage de remonter à la station.

La nuit, le parking se vide de tout le monde qui est venu pique-niquer et je suis tout seul au milieu des meutes de chiens qui se battent pour les restes. Vive la charité, cela m'apprendra à donner des sous à l'Eglise.
Lundi 8 février, du mieux,
Je prends le petit-déjeuner à la Shell, accueil mmmh de la propriétaire ; même pour faire remplir trois bouteilles d'eau du robinet, cela semble compliquer. Bon, fuyons ce bled si chaleureux pour retourner au pédalage. Mon objectif est Stroeder à environ 80km, dernier village avant Viedma à 165 km.

Fort vent de travers. J'ai déjà démonté la veille les fameuses poignées avec support d'avant-bras car trop centrées, la commande du vélo était un peu difficile. Mais même en prise en main normale les sacoches devant ont une grosse prise au vent et gêne la direction... J'ai donc comme un gros doute sur mon super-bricolage-dont-j'étais-trop-fier de Bahia Blanca. "P'tain meeerde, j'aurai mieux fais d'être p'tit rat de l'Opéra".

Sur les bords de la route, des conseils permanents aux conducteurs : "Les jours de vent, visibilité réduite", "Attention en cas de vent, sable sur la chaussée", "Les jours de vent, réduisez votre vitesse", ah ben ça c'est exactement ce que je fais. Si j'ai bien lu, cela veut dire qu'il y a aussi des jours où il n'y a pas de vent, c'est plutôt positif...
Stroeder ouf! "-Ah mais il n'y a rien ici. -Pas même une station quelque part? -Ah si mais il faut ressortir sur la route, c'est 8 km plus loin".
Ce dernier coup de pédale me rince, mais je suis bien reçu. Mon sandwich jambon-fromage, douches propres et un coin de poussière tranquille pour la tente.

Enfin une bonne nuit.
Mardi 9 février, Lawrence d'Arabie, Tintin et les Dupontd,

Rien d'autre à faire que d'avancer. Ça commence au milieu des champs, donc tant qu'il y a de l'herbe, il n'y a pas trop de sable soulevé.
Un léger relief. Arrivé en haut je vois qu'au loin... on ne voit rien et qu'il va falloir se la rejouer "Tintin au pays de l'or noir" ou Peter O'Toole et Omar Shariff dans Lawrence d'Arabie. J'en profite pour manger mon jambon-fromage avant qu'il ne croque sous la dent et c'est parti. Heureusement il ne reste plus que 20 km jusqu'à Viedma.
C'est long, et le sable est chaud. A un passage un peu plus calme, je décide de faire une pause pour la deuxième partie du sandwich. Sur le bord de la route, je n'ai pas le temps de le sortir. Une jeep avec deux policiers vient se garer devant moi (je l'avais dit c'est "Tintin au pays de l'or noir" avec Dupont et Dupond). Et en fait c'est une jolie policière qui vient à ma rescousse : "-Señor, c'est trop dangereux de circuler sur la route pour vous, on ne voit rien... -Bon ben, vous m'emmener alors?"